Photo de Anais C. Pix - Nazca (berger allemand)
L'enrichissement mental du chien de compagnie
Qui dit dépense, dit besoins de se dépenser… des besoins qui sont fon-da-men-taux !
Mais quoi de mieux pour expliquer qu’un beau schéma coloré ?
Ce sur quoi nous allons nous pencher aujourd’hui se trouve donc dans la petite pointe violette, si petite que beaucoup d’entre nous l’oublient, qui contient les besoins cognitifs.
C’est un avis personnel, mais je ne suis pas certaine que nous les ayons oubliés. Je pense plutôt que de plus en plus, nous prenons en compte l’animal comme un être sensible, doté d’envies, de besoins, de personnalité - et que ce qui va de pair avec cela est d’avoir le désir de mieux le comprendre, par extension, de mieux connaître quels sont ses besoins. En finalité, et je ne suis pas certaine que ce soit plus réjouissant, je ne pense pas que nous (humains) ayons oublié les besoins de nos chiens, mais plutôt que nous nous y intéressons que récemment : et mieux vaut tard que jamais n’est-ce pas ?
Outre le fait que répondre aux besoins des animaux que nous avons choisi d’avoir avec nous est notre responsabilité, il est important de se rendre compte que nos chiens ont des besoins qui, s’ils ne sont pas comblés, peuvent être retranscrits en soucis comportementaux.
Lors d’un bilan comportemental, mon rôle vise aussi le fait de voir dans quelle mesure les besoins du chien en bilan sont comblés. Pourquoi ? Parce qu’il m’est impossible de pouvoir travailler un chien, ou lui demander quoi que ce soit, si ses besoins de base ne sont pas respectés. Dans un premier temps, on permet au chien de combler ses besoins et si les soucis comportementaux persistent, nous commençons la rééducation.
Sinon, comme exemple, ce serait un peu comme si… je ne vous nourrissais pas assez, et quand je vous donne un bout de pain, vous vous ruez dessus. Effarée de ce comportement, j’appelle un éducateur pour lui demander : comment vous apprendre à manger doucement ? S’il fait correctement son travail, il me dira d’abord de vous nourrir à votre faim, de combler votre besoin de nourrissage, avant de voir comment (et s’il y a nécessité) vous apprendre à manger doucement.
C’est un peu le même principe, avec la dépense mentale chez le chien. Elle diffère de la dépense physique mais n’en est pas moins importante, rappelons ce mot qui a pour moi toute son importance : elle est fondamentale. Si le chien n’est pas assez dépensé mentalement, stimulé, via des activités qui vont permettre d’enrichir son quotidien, ce besoin de dépense va se rediriger ailleurs, dans des comportements humainement indésirables (comme des vocalises, des destructions, des comportements stéréotypés, une mauvaise gestion des émotions, ou à l’inverse, des états dits dépressifs apathie, léthargie...).
Attention, je ne souhaite pas ici diaboliser les dépenses physiques saines comme des randonnées, des balades collectives, les promenades et même les jeux de balles bien gérés. ( Psssst, de supers articles qui parlent des jeux de balle ici et ici et même ici !) Simplement de pouvoir apporter des informations sur un autre type de jeux, de dépenses.
Ok, ok.... mais tout ces besoins, c'est quoi au juste ?
Concrètement, si l’on se met une journée dans la vie de notre chien, le bilan est rapidement fait. Nous humains, pris dans nos obligations d’humains - notre chien passe énormément de temps à nous attendre pour pouvoir avoir une activité. Le temps que nous leur consacrons, souvent, est dédié à une belle dépense physique et à juste titre ! À côté de ça, les animaux ne vivant pas au dépend de l’Homme passent leur journées et leurs activités dans le but principal de se nourrir. L'idée n'étant pas de dire : relâchons tous nos animaux, nous humains, ô êtres cruels que nous sommes ! Mais plutôt maintenant et ici d'en parler et de voir toutes les possibilités qui s'offrent à nous !
Ce dont on parle ici, c’est une dépense complémentaire et supplémentaire à la dépense physique, la dépense mentale.
Stimuler mentalement votre chien lui permet non seulement de travailler son intellect, mais tout autant d’enrichir son quotidien, de lutter contre l’ennui, de s’épanouir intellectuellement, de prendre confiance en lui, en vous, de se découvrir, de s’amuser… différemment. Un article parle notamment qu’une dépense intellectuelle nouvelle de 15min équivaut à une balade en terrain connu de 45min ; cela permet de se rendre compte de ce qui est mis en jeu et en activité lors de ces stimulations-là !
En d’autres termes, stimuler mentalement c’est faire fonctionner les neurones et vous l’aurez déjà expérimenté, nous pouvons être autant fatigué après une séance de sport qu’après avoir fait une dissertation ou avoir fait un exercice de mathématiques. Par ailleurs, on peut même dire que ce sont deux fatigues / stimulations différentes - et complémentaires, et si on reprend l’exemple d’un exercice (de maths? vous sentez mon trauma?), que la fatigue après coup peut être positive mais aussi négative. Par exemple, si on a passé 1h à essayer de résoudre un problème sans succès, car il était trop difficile pour nous. C’est pourquoi il va être intéressant dans un premier temps d’accompagner votre chien pour éviter que la nouvelle activité soit vécue comme seule source de frustration et ne le renvoie qu’à un bel échec, laissé seul devant cet exercice impossible pour lui (à ce moment-là).
Dans les différents types de stimulations mentales, on retrouve :
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la mastication
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l’olfaction
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le léchage
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la stimulation intellectuelle
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la gestion émotionnelle
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les découvertes
Bien entendu, tous les chiens ne sont pas égaux. Certains auront des préférences, en fonction de leurs goûts personnels et individuels mais aussi selon leurs prédispositions génétiques. Certains auront besoin - envie de plus d’activité, ou d’avantage d’une activité spécifique, moins d’une autre (...)
Cela dépend. Par exemple, les husky qui sont (dans le mythe) des êtres ‘’génétiquement fugueurs’’ ont en fait simplement un besoin d’exploration / de découverte très élevé. Il est donc totalement possible d’arriver à avoir un bon rappel avec son husky, en répondant correctement à son besoin et potentiellement avec un travail du rappel plus accru (qu’avec le standard du malinois par exemple). C’est la même chose pour les chiens dits de chasse (olfaction mis en avant) ou tout chien que l’on sélectionne génétiquement pour certaines activités.
(Pssst, vu que le sujet des husky fait toujours grincer les dents, lisez donc cet article là!)
Je tiens aussi à placer cette petite réflexion : des fois, on me dit ‘’Moi mon chien il n’aime pas (...) / il s’en fiche totalement / il s’énerve dessus‘’ etc. Alors c’est possible qu’un chien apprécie moins une activité qu’une autre, mais avant cela, essayez quand même. Et regardez si c’est vraiment un non attrait ou une incompréhension. Rarement il arrive qu’un individu qui comprenne et réussisse une tâche n’apprécie pas la faire ; le chien est un opportuniste, il ira là où il trouve un plaisir, une satisfaction. S’il comprend l’exercice, s’il y arrive et qu’il est récompensé, en général il appréciera la tâche. Aussi, si votre chien fuit une activité, demandez-vous plutôt s’il l’a comprise ? Si ce que vous demandez n’est pas trop difficile ? Et par conséquent, comment décortiquer la tâche, la rendre plus aisée, moins le frustrer, lui montrer qu’il en est capable, surmonter ce petit défi ensemble ?
Psssst 2, surmonter les défis, un super article de Cynotopia !
Je vous entends ! ‘’ Ouaaaiiiis ouais ça va, on a compris le principe, accouche, comment on fait alors ! ‘’
Cette partie va être un peu scolaire, mais c’est ce qui me semble le plus simple à lire. Pour chaque section, je donnerai quelques exemples que vous pourrez utiliser ! En lisant, pensez toujours que ce sont des généralités, observez votre chien, ses préférences, et adaptez.
Dans cette partie, je citerai énormément la boutique Symbioosi Store qui était, à mes yeux, une des boutiques les plus complètes en termes d’enrichissement du quotidien et avec qui nous avons eu comme projet commun de rédiger cet article. La boutique n'est plus en activité aujourd'hui (belle réussite dans tes nouveaux projets Laura!!), mais vous pourrez retrouver tout ces produits dans d'autres boutiques comme Inooko (avec le code de réduction PSYCHOPAWS10 ) ou encore Muse Of Nature (MUSEPSYCHOPAWS10). Belle découverte à toutes.tous !
Pensez aussi que certaines de ces idées peuvent être appliquées quotidiennement et comme l’a écrit ma collègue Aura Education dans : Gamelle Poubelle ! Nourrir dans la gamelle c’est aussi perdre des opportunités quotidiennes de stimulations, d’autant plus quand on sait que les chiens sont plus boostés, attirés par l’activité qui les amène à trouver la nourriture plus que par la nourriture en elle-même, c’est à dire que la raison pour laquelle nos chiens aiment travailler pour avoir de la nourriture c’est parce qu’à chaque opportunité d’avoir la récompense, il y a libération de dopamine. Ainsi, cela signifie que le challenge est beaucoup plus stimulant et attirant pour notre chien qu’une récompense acquise aisément, à portée, comme des croquettes en libre service 24h/24 dans la cuisine.
Alors la gamelle, on laisse tomber, et on choisit au pif une ou plusieurs activités pour nourrir nos chiens quotidiennement !
La mastication
Beaucoup des besoins actuels des chiens découlent des différentes activités que le chien a d’ordinaire, dans une vie moins confortable (ou ennuyeuse ? Suis-je si mauvaise?) que celle auprès d’un humain. Qui n’a pas déjà souffert des machouillages un peu trop insistants d’un chiot, d’un jeune chien ou même d’un chien ? S’est-on demandé en premier si nous comblions le besoin masticatoire de notre copain chien-croisé-aligator ?
La mastication est donc un must pour le chien, et ce besoin est loin d’être comblé auprès des loulous en particuliers nourris aux croquettes. Pour ceux nourrissant au cru et ayant des os charnus dans la ration, on remplit déjà davantage la jauge de mastication. Toutefois, il n’est pas contre indiqué de laisser nos loulous en profiter un peu plus, y compris si c’est une activité qu’ils adorent ou qu’ils en ont plus besoin que ‘’la norme’’.
Par ailleurs, la mastication permet de libérer les hormones favorisant le plaisir (et par extension les comportements de calme, de détente) améliore la micro-circulation et l’oxygénation, c’est donc un bon moyen de lutter contre le tartre, nettoie les dents, stimule mentalement (et donc fatigue).
Quand on parle de mastication, on ne parle pas des dentastix finis en deux crocs, bourrés d’additifs, industriels (...) ou bien des cordes ou jouets en plastique qui, pour la plupart, ne sont pas très motivants (du côté de la mastication). On parle de friandises de mastication naturelles ou d’objets de mastication qui ont une taille adaptée à la mâchoire de votre chien, qui sont sains et qui permettent vraiment au chien de se poser pour mastiquer 10 - 15 - 20 voir même 30 minutes pour certains (les trachées de boeufs fourrés, les nerfs de boeufs, les fromages de yak : CHECK !)
Sur Symbioosi, dans l’objet ‘’Vrac de mastication’’, on en retrouve énormément. Cela peut-être des cornes de daim, des nerds de boeuf..., mais aussi des objets comme la Cacahuète de chez Sodapup sur lequel on applique une pâtée quelconque et qui va inciter à la mastication. Si votre chien est un petit champion, on peut enrichir l’enrichissement (héhéhé!) et fourrer la friandise ou la congeler.
Ici, les trachées de bœuf fourrées au yaourt de chèvre, le tout congelé dure environ 30min ! Une vraie réussite. Pour ceux au cru, on peut fourrer les trachées par la ration et donner à déguster aux chiens ! On peut aussi cacher une simple oreille de cochon dans une serviette que le chien devra défaire pour trouver l’oreille et mastiquer. Soyez inventifs !
Ici, Obito mastique un nerf de boeuf coincé dans la balle Holl-e pendant que son humaine boit un café avec une amie. Peper, elle, mastique une panse de boeuf pour rester calme en présence des chats ! Photo de Anais C. Pix
L’olfaction
Un indiiiiispensable (comme tous, vous me direz, mais je suis gardienne d’un chien qui aime chasser alors… ces activités m’ont permis de nous sauver la mise un bon nombre de fois) ! Vous n’êtes pas sans le savoir, l’odorat est le sens le plus développé chez nos amis canins ! Eeeeet oui… bien entraîné, il détecte explosifs, argent, drogues, humains précis, cancer, épilepsie, diabète….. ou friandises. Ils possèdent 220 millions de récepteurs olfactifs (contre 5 millions chez nous, humains!).
Entre autres, l’odorat permet au chien d’identifier et d’interpréter son environnement (si nous voyons, lui, il sent). C’est ainsi qu’il apprend et découvre, c’est pourquoi il est si primordial de laisser notre chien renifler pendant les balades ! Ne vous en déplaise ! C’est un moyen pour lui de mieux connaître son environnement, d’être plus détendu, à l’aise… encore une fois, c’est une activité qui pour le chien résonne avec bien-être.
Si pour répondre aux besoins olfactifs de votre chien vous pouvez rejoindre des groupes de mantrailing (recherche de personne), de nosework ou autres, ou encore vous inscrire à des formations de nosework ou Laisse moi Flair!, c’est aussi un besoin que vous pouvez combler à la maison !
Tout d’abord, comme dit précédemment, en permettant à votre chien de prendre ses odeurs en promenade. Oui, cela peut être long mais après tout c’est sa balade, non ? C’est son moment ? Laisse-le donc en disposer comme il le souhaite au maximum. D’un côté, cela nous permet à nous, humains, de nous poser aussi, de freiner notre course quotidienne, de prendre le temps d'observer notre ami, c'est une belle opportunité qui s'offre à nous.
Pour les chanceux, il est possible de disperser la ration dans le jardin, dans l’herbe (oui oui, même au cru!) ou dans un tapis de fouille. Il existe différents types de tapis de fouille, une très bonne variété d’ailleurs (que vous pouvez faire vous-même! Dixit de belles vidéos youtube) qui vous permettront de diversifier cela. Cynotopia parle aussi du principe des sprinkles, qui serait d’étaler (hors de la vue de notre loulou) sur 1m de la pâtée en ligne droite, plusieurs bandes. Toutou se fera une joie de chercher et léchouiller tout ça ! Vous pouvez aussi ajouter de nouvelles odeurs sur des bouts de tissus et ainsi permettre à votre chien de découvrir de nouvelles odeurs, à des moments différents, sur des tissus que vous posez à un endroit dans la maison.
Sinon, il existe des objets comme ceux présents dans la rubrique ''Jouets de flair'' de Symbioosi où vous pourrez cacher ration ou friandises et qui demanderont à votre chien de chercher pour les trouver !
Le léchage
Le léchage chez le chien est un comportement qui peut avoir différentes sources : l’affection, le stress, l’anxiété, un signal de communication, un excès de salivation… Les raisons sont multiples. Ce que l’on sait, c’est que l’activité de léchage chez le chien favorise la production de cortisol ; cela va permettre au chien de se détendre, et de fait, elle peut être utilisée dans différentes situations.
S’il est difficile d’apprendre à son chien à lécher sur commande, il est possible via des lickimats ou, en français, tapis de léchage, de l’inciter à cette activité. Outre réduction de l’anxiété, les lickimats permettent aussi aux chiens : de manger sous forme différentes, moins rapidement, d’encourager un moment de calme, (...). L’activité de léchage augmente aussi la production de salive qui permet un meilleur nettoyage des dents et de la langue ainsi que la production d’enzymes comme l’amylase qui favorise une bonne digestion.
Les tapis de léchages sont très utiles parce qu’il y en a de toutes formes, de toutes tailles, de toutes couleurs, de tous reliefs… ils conviennent ainsi dans une multitudes de différentes situations ; sous la douche (ventouse à la paroie), dans la voiture, dans le salon, en terrasse… Facilement transportables, facilement nettoyables, très accessibles (donc pour des animaux qui frustrent facilement, c’est plutôt adapté). On peut aussi y mettre toute sorte de nourriture, allant des croquettes (imbibées d’eau et écrasées) au pâté, en passant par tout ce que vous pourrez retrouver dans cet article qui leur est dédié : Ici !
Ce n’est pas une activité très prenante humainement, je peux préparer mes lickimats à l’avance et les faire patienter au congélateur, les utiliser pour une désensibilisation, quand des invités sont à la maison, les donner en ma présence, les donner en mon absence, les préparer pour qu’une personne les donne à mes animaux... c’est une occupation qui est très pratique et très bénéfique pour le chien. En fonction des reliefs, elle peut durer plus ou moins longtemps et permet vraiment un moment de détente au chien, un retour au calme, un maintien de position immobile sans pour autant forcer le chien à ne pas bouger.
Petite mise en garde : les lickimats ne vous permettront pas d’échapper à un travail comportemental de d’apprentissage du calme pour votre chien. Oui, le calme est quelque chose qui s’apprend, les lickimat sont des outils mais ne feront pas le travail à votre place ! Voici un petit article pour vous aider à en apprendre d’avantage, et surtout, n’hésitez pas à vous faire accompagner d’un-e professionnelle (en positif, ça va de soi !).
Ici, le beau Orochi qui déguste ses lickimats avec classe pendant que son humaine télétravail.... On ne peut rien faire comme tout le monde par ici ! Dans les photos suivantes, Peper profite de son lickimat splash pour être douchée paisiblement. Photos Anais C Pix
La stimulation intellectuelle
Difficile de nommer correctement cette partie, toutes les activités citées ici sont des activités qui stimulent cognitivement nos compagnons canins. Toutefois, j’aimerais mettre en lumière ici les activités qui stimulent vraiment les capacités de réflexion de votre chien.
Ces activités peuvent prendre différentes formes, de la plus basique à la plus complexe :
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Apprendre à votre chien à prendre des décisions, que ce soit le chemin de balade ou la friandise à mastiquer dont il a envie sur le moment. En balade, restez derrière lui et regardez le chemin qu’il prend… ou ne prend pas. Certains vont juste adorer se poser à un endroit et observer ce qu’il s’y passe, d’autres faire pleins d’allés-retours dans la même rue en prenant les passionnantes odeurs, d’autres dans des coins inconnus, et d’autres faire la balade habituelle. Pour les friandises de mastication, déposez-en plusieurs au sol, espacées, et laissez-le choisir celle dont il souhaite profiter à ce moment.
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La stimulation intellectuelle peut aussi se faire sous forme d’apprentissage de nouveaux tricks par shaping ! Apprendre, mouvement par mouvement, de nouvelles combines, de nouvelles positions, de nouvelles actions, c’est une activité qui demande au chien de comprendre ce qu’on attend de lui, de partager un moment avec nous, c’est très coûteux cognitivement parlant ! Ce sont des moments d’une grande richesse. Certaines choses ‘’utiles’’ à l’humain peuvent même être apprises, comme le fait de porter, de déposer à certains endroits : par exemple porter un sachet de course, prendre ce qui traine par terre et nous le ramener, prendre ses jouets et les poser dans son bac à jouets… il y a des chiens très investis qui ont besoin de se sentir ‘’utiles’’ dans les interactions avec leur référents et cela peut passer par ces moments-là ! D’autres ‘’tricks’’ peuvent être appris, comme des tenues de position (par exemple : poser la tête d’une certaine manière, poser la patte sur le nez), puis ensuite s’organiser des petites séances photos ! Ce sont des activités ludiques et stimulantes. Pssst, d’ailleurs, on me dit que Cynotopia vous régale encore avec un livret gratuit sur les bases du shaping : https://www.cynotopia.fr/produit/shaping-clic-a-clic
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Les jeux dits ‘’ de reflexion ‘’ peuvent être aussi très intéressants, pour peu qu’ils soient amenés comme tels. C’est-à-dire que le but de ces jeux, ce n’est pas de laisser son chien se débrouiller seul, encore une fois au risque de : le mettre en situation d'échec, mettre à mal la relation car en cas de difficulté on le laisse mariner faire avec et puis le dégoûter de ces objets frustrants. L’idée, c’est beaucoup plus de les accompagner à résoudre ces petits défis, ces objets bien curieux. Il s’agit alors de les guider, s’il faut, de décortiquer les mouvements, d’apprendre d’abord à pousser, ou soulever, puis ensuite généraliser le mouvement avant de l’essayer sur le nouveau petit jeu pour s’assurer une belle probabilité de réussite ! C’est le type de partage qui permet aussi d’apprendre à notre chien à gérer son excitation voir sa frustration, au début, les séances avec ces jeux ne duraient que 30 à 45 secondes avec Nazca, ma chienne, car au delà elle frustrait et renversait tous les jeux. Alors au début, nous avons fait de toutes petites séances, renforcé le calmes, les décisions calmes, fait en sorte à éviter les échecs qui l’auraient encore plus mise à mal pour arriver au final à affronter de nouveaux jeux, aujourd’hui, beaucoup plus sereinement.
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Il existe aussi différents livres de jeux d’intelligence à faire soi-même, encore mieux, avec des objets du quotidien (dans une belle optique 0 déchets ?) comme Sport cérébral pour mon chien de C. Sondermann ou Stimulez l’intelligence de votre chien par C. Arrowsmith
Vous pourrez aussi retrouver pleins d’astuces de particuliers inventifs sur des groupes de partages comme : sur Facebook ‘’ Enrichissement(s) du chien de compagnie’’ ou ‘’Canine Enrichment Ideas ‘’
Le bel Orochi par Anais C Pix qui déguste sa ration de cru dans le Toppl et le Rumbl , de super jouets à remplir, pendant que son humaine cuisine !
La gestion émotionnelle
Une dépense insoupçonnée et pourtant vécue par tous, très souvent ! Quoi ? Je projette le fait que je suis souvent entrain de gérer mes débordements émotionnels ? Non… vous mentez….
Je vous donne un exemple : après une journée au travail avec un collègue qui n’est pas méchant mais avec qui la communication est difficile, où vous devez prendre sur vous, reformuler, proposer des choses différentes, gérer votre fatigue, votre frustration, votre motivation d’avancer dans ce projet génial… À la fin de cette journée interminable, quand vous avez mené à bien ce projet de vos rêves ou que vous avez fait une grande avancée, vous êtes ? Fatigués ! Mais dans le bon sens du terme.
Et bien c’est une chose qu’on peut aussi reproduire avec nos chiens.
DISCLAIMER : TOUT CECI NE SERA POSITIF QUE SI C'EST EST BIEN GéRé ! Et oui, cela demande des connaissances, alors n’hésitez pas à vous faire aider d’un professionnel. Il est très facile de tomber dans une mauvaise expérience si on ne gère pas les signaux de communication, les paramètres de la séance, la zone de confort, tout cela risque bien plus d’abîmer votre chien… Mieux vaut se faire accompagner pour s’assurer d’avoir les clés pour être autonome ensuite dans l’organisation de cession avec votre chien.
Il y a plusieurs thèmes, par exemple :
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Une bonne séance de socialisation ou de rééducation pour un chien réactif. C’est exténuant, et tellement gratifiant ! Un chien réactif par peur qui apprend à ne pas réagir au quart de tour, qui apprend à se poser pour lire des signaux, qui apprend petit à petit à communiquer, (...). Oh, les pas ont l’air minuscule, et pourtant, on est tous fatigués quand une séance se finit et heureux car (encore une fois, si bien gérée) elle aura permis de petites avancées dans un travail de géants.
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Une belle séance de désensibilisation : que ce soit à la ville, à la voiture, au harnais, au vétérinaire, à la muselière, au contact humains, aux chevaux, aux chats, aux rongeurs… apprendre à gérer ses émotions face à un stimuli ou plusieurs est un gros travail ! Je mets encore une fois l’accent dessus mais il faut que les séances soient correctement encadrées. Trop souvent je vois (même de la part de pseudos-professionnels) des chiens en totale immersion dans une séance dite de ‘’désensibilisation’’ ! Il y a une énorme différence entre habituation et immersion et si cela ne vous dit rien, je vous invite à lire ces deux articles : https://hund.fr/actualites/limmersion-est-differente-de-lhabituation/188/ et https://hund.fr/actualites/jusqua-ce-quil-ne-bouge-plus/23/
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On peut aussi penser à des séances de ‘’travail de l’aide à l’expression’’, j’ai encore peiné à les nommer correctement mais j’entends ici par exemple le travail du consentement au contact (savoir écouter son chien - et faire comprendre à son chien qu’il est entendu quand il refuse un contact, une caresse), commencer des séances de medical training ou de soins coopératifs (en somme, apprendre à son chien à être acteur de ses soins, on travail encore sur le consentement, sur l’initiative du chien etc). Ce sont des activités qui renforcent énormément la relation et qui permettent un développement relationnel et personnel conséquent !
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Dedans, on compte aussi tout le travail des fameux « autocontroles » ! Et oui, le fait de savoir se contrôler, gérer ses émotions. On peut retrouver sur ces vidéos différentes petits exercices, entre autres sous forme de refus d’appât ! Le refus d’appât, c’est en gros, savoir se retenir face à de la nourriture (trouvée au sol, en balade, dans la cuisine, sur une table…). https://youtu.be/Y9eP4QRQSyw et https://youtu.be/DDxpFcDShEI
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Et pour finir, je noooomme…. le travail du calme ! Et oui, c’est toute une histoire que de savoir se poser, être calme, observer calmement, profiter de l’instant. Cynotopia vous a fait un bel article, Canissimo! en a fait une belle formation en ligne et d’autres encore, mais le calme ça s’apprend… au détour d’exercices mais aussi de séances à lire un livre au soleil sur un banc, prendre un café en terrasse, se poser dans l’herbe, dans un parc, (...). Encourager un moment calme, poser nos énergies, se rebooster, profiter d’un instant qui semble hors du temps (du moins pour les hyperactifs comme moi) c’est tout une expérience. et étrangement, pour les chiens (et humains) qui ont la bougeotte, se poser, ça mérite après de se reposer !
Pepper qui mastique... en pleine désensibilisation chaton démoniaque ! Photos : Anais C Pix
Les découvertes
J’ai pu rapidement l’aborder avant avec le mythe du husky fugueur, mais cela peut s’appliquer à tous les autres chiens. En fonction des individus, on peut retrouver des chiens qui adorent vivre de nouvelles expériences ! Que ce soit partir à la découverte de nouveaux lieux, de nouveaux circuits de balade, de nouveaux copains chiens, ou même de nouvelles activités comme le dog dancing, l’agility, le cani vtt, la cani trottinette, le mantrailing, le troupeau, le cani paddle, canoe, voir même des sorties plus ‘’simples’’, une belle nouvelle randonnée, aller nager ensemble.
Il y a un si grand nombre de possibilités !
Vous n’avez qu’une heure devant vous pour une balade ? Allez dans un endroit différent. 35-40 min dans un nouvel endroit, avec de nouvelles odeurs, de nouveaux décors, bruits, sons, (...) seront plus stimulantes qu’une heure à faire le même tour, dans le même quartier, avec les mêmes paramètres que d’habitude.
Après quoi et comment... Quand dépenser mentalement ?
Maintenant qu’on a un peu élargi notre répertoire de « comment stimuler mon chien », on peut se pencher sur les autres paramètres.
Pour certaines choses, j’en ferais appel au bon sens de chacun… respectez tout de même le régime alimentaire de votre chien, s’il y a des allergies, évitez ces allergènes, s’il y a des intolérances, idem ! Il y a assez d’autres solutions et d’aliments différents pour pouvoir trouver ce qui puisse être adapté à chacun.
Si votre chien est en surpoids ou est à risque de surpoid, choisissez des aliments qui sont très peu caloriques, et prenez comme base sa dose de nourriture. Vous pouvez aussi évidemment déduire de sa ration journalière ! Ou simplement utiliser sa ration journalière dans les occupations.
Prenez le temps d’observer quelles sont les préférences dans ce que vous proposez. Nous avons tous des préférences, trouvez ce qui motive votre chien, accompagnez-le, variez les plaisirs !
En ce qui concerne le rythme, la fréquence, il serait bon qu’un chien soit stimulé quotidiennement. Je pense que la clé se trouve dans l’écoute du chien… et de l’humain. Quand j’ai une journée pleine et que je suis très fatiguée, je donne des occupations qui ne me demandent pas de supervision / d’énergie (tapis de fouille, tapis de léchage, une friandise de mastication…). En effet, je pense qu'il faut privilégier la qualité à la quantité : si je suis très fatiguée, je ne vais pas par exemple faire une séance de travail sur la réactivité de mon chien... difficile pour moi, exténuée, d'aider mon chien à gérer ses émotions, à les accueillir... on risque tous les deux de passer un mauvais moment. Mieux vaut une belle dépense intellectuelle ou filer dans un endroit désert pour une belle promenade plutôt que de me forcer et nous faire vivre une énième mauvaise expérience !
J’observe aussi mes chiens : en demandent-t-il davantage, ou au contraire ? Des fois, ils sont simplement tranquilles et ne cherchent pas d’activité. Je ne vais pas leur en imposer. Il arrive même que je propose une activité et qu’ils ne soient vraiment pas motivés. Et bien ce sera pour une autre fois ! Souvent, ils se calent sur mon rythme.
Tout en sachant qu’il ne sert à rien de sur- stimuler, nos loulous ont aussi besoin de repos et peuvent apprendre à ne rien faire pendant un temps, être au repos et non constamment en activité. Cela dépend des individus, de l’environnement…
En ce qui concerne les lieux, les moments propices… ils sont nombreux, selon la fonction qui est donnée aux occupations !
Permettre au chien de ne pas s’ennuyer lors des absences, d’avoir un temps où ils s’occupent quand on est présents (c'est un bon début de travail sur la solitude, ça), lors d’un repas avec des amis pour que nous soyons tranquilles, chez le vétérinaire sur la table d'auscultation, dans la voiture, sur la paroi de la douche, en terrasse pour que nous puissions boire un café tranquillement, au restaurant (…) les situations sont multiples. Évidemment, un chien peu apprendre à rester coucher et « ne rien faire » pendant qu’on boit un verre en terrasse mais cela dépend du chien et d’où il se situe dans son apprentissage du calme. En attendant, notre chien n’est peut-être pas toujours dans les bonnes conditions pour nous attendre 3 heures pendant que nous buvons notre petit café en terrasse. Autant que nous passions tous un bon moment, nous avec notre café, lui avec son oreille à mastiquer.
Toutefois, enrichir et stimuler à des limites. Et oui ! C’est intéressant pour tous les chiens et ça aide évidemment pour ce tout qui est relié à un chien hypostimulé - qui manque de stimulations. Mais ce n’est pas une solution miracle : les chiens qui souffrent d’anxiété de séparation par exemple, (encore faut-il qu’elle soit diagnostiquée par un professionnel) n’iront pas forcément mieux en étant sûr stimulés, il faut une thérapie comportementale. L’enrichissement peut être couplé à une thérapie comportementale, comme il peut empêcher une thérapie comportementale.
Je m’explique : par exemple, un chien qui souffre de difficultés à vivre la solitude + de difficultés à gérer la frustration peut se retrouver à détruire lors d’une absence parce que le tapis de fouille est vide.
Ce n’est pas un remède miracle. Il faut savoir ce qu’on fait et pourquoi on le fait : cet article n’a en aucun cas pour but de dire « Si votre chien détruit lors des absences —> occupations et c’est bon » / « Si votre chien grogne dès qu’on lui fait des soins —> lickimat et c’est bon » Noooon. Pour vous accompagner dans ces problématiques, faites appel à des professionnels formés.
Cet article a plutôt pour but de dire : « Hey, nos copains chiens ont des besoins et il en vient de notre responsabilité de les combler. Voici quels peuvent être ces besoins (…) et voici comment on peut y répondre (…), pensez-y, ça fera du bien à votre chien, à vous, à votre relation et tutti quanti ! »
Pour finir, je vous partage volontiers les articles de collègues qui ont aussi écrit à ce sujet. Merci pour votre lecture !
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https://www.ted.com/talks/ian_dunbar_on_dog_friendly_dog_training? utm_campaign=tedspread&utm_medium=referral&utm_source=tedcomshare
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https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fvets.2018.00056/full
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https://l.facebook.com/l.php? u=https%3A%2F%2Fwww.kqed.org%2Fscience%2F1938255%2Fhow-your-dogs-nose-knows- so- much%3Futm_source%3Dfacebook.com%26utm_medium%3Dsocial%26utm_campaign%3Dnp r%26utm_term%3Dnprnews%26utm_content%3D20190226&h=AT1jGbFC_r2E9TDTBEBT2FDbAZCMmLKzOXYnepLaPVH5X7uIcxMl5Mvq46LhU1qklGBYZAfLILlY4lP2egaSf3JAXHEU676FDAcPUrtF6HASRs1hpUTismZXX6REHu2xnKb6Zq4i3HbBSgm-fwW9mh9h&s=1
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